J’ai peur
Emmitouflée dans mon linge mou et ma doudou préférée, assise confortablement dans ma salle à manger, en sécurité dans ma maison, j’ai peur. Je ne sais pas si c’est le fait d’être une mère ou celui d’avoir pris une certaine maturité avec l’âge, mais ces temps-ci, l’angoisse est toujours un peu présente en moi.
Je crains le futur. J’anticipe surtout celui de mes enfants. Dans quel monde vont-ils vivre quand je ne serai plus là? Et tant qu’à se dire les vraies choses, j’appréhende aussi la mort. Elle est si présente ces jours-ci. Quel début d’année! Tous les deux ou trois jours, on apprend le décès d’un tel. Ces nouvelles remplies de tristesse vont au-delà du monde célèbre. Des tantes, des grands-parents, une famille en voyage humanitaire, des enfants qui succombent à la maladie, j’en passe. Cette réalité me rappelle que la vie est fragile et surtout éphémère et qu’il ne faut rien tenir pour acquis.
Bref, j’ai peur.
On ne peut plus laisser nos enfants aller jouer seul au parc pendant de longues heures. Petite, je prenais mon vélo et je roulais seule jusque chez mes grands-parents… un bon 10 minutes en bicyclette. J’allais même à l’épicerie seule. Aujourd’hui, je ne laisserais pas mes enfants faire ces mêmes choses.
Quelqu’un cogne à la porte et pendant quelques secondes, c’est suspect.
J’ai l’impression que l’intimidation ne cesse d’augmenter un peu partout, que ce soit au travail, sur la cour de récréation ou dans la société en générale.
Le matérialisme et la consommation prennent une énorme place dans nos vies. Pour certains, l’argent est la clé du bonheur et de la réussite et ils essaient d’y arriver, peu importe le prix, peu importe qui on écrase ou blesse au passage.
Qu’en est-il de la vie privée des gens? J’ai l’impression qu’avec l’ère des réseaux sociaux, on doit nécessairement tout dévoiler (ou presque) lors de grands événements (les beaux comme les moins beaux) de notre vie. Pourtant, ce que nous publions publiquement devrait être un choix personnel qui devrait être respecté de tous, non?
Est-ce que la paix dans le monde peut exister? Petite, je croyais que tout était possible. Je me souviens que j’avais dit aux nouvelles, à l’âge de 5 ans, que je croyais que la paix, partout, pouvait exister... que ça allait arriver. J’en étais convaincue. Je suis une éternelle optimiste, espérant que les choses vont se placer. Mais avec toutes les tueries, les bombardements et les actes terroristes, je commence un peu à en douter.
En 2016, je trouve la vie parfois dure, irrespectueuse et triste. En fait, ce n’est pas la vie en tant que telle, mais plutôt la façon dont certaines personnes choisissent de réagir et de vivre. Évidemment, qui suis-je moi pour juger? Je fais seulement décrire ce que je vois, ce que je ressens.
Ce sera quoi en 2025? 2050? 2076? Allons-nous être obligés de vivre dans nos maisons 24 h sur 24, car il sera trop dangereux de sortir? Allons-nous avoir une puce à la main et vivrons-nous comme des numéros? Pourrons-nous encore faire confiance aux autres? Qu’en sera-t-il pour les générations à venir?
Cet effroi ne m’empêche pas de vivre, mais me fait réfléchir souvent ces jours-ci. Je suis consciente qu’il y a encore du beau (très beau, même!) autour de moi. Qu’il y a des gens qui ont encore de belles valeurs, à la « bonne place »! Des personnes qui veulent le bien de tous, qui avancent jour après jour avec la conviction que nous pouvons faire une différence dans notre vie et celle des autres. Que la paix peut exister, qu’il reste encore de bons jours devant nous.
Heureusement, tout ce beau m’aide à faire la part des choses et surtout, de garder espoir. J’aimerais tellement ça que la Jaime de 5 ans ait raison.
Vivement un monde meilleur…
La dépendance… un sujet si important à discuter avec nos jeunes. Dans ce balado, j’ai décidé de traiter de ce sujet avec une invité toute spéciale; Anne Elizabeth Lapointe, la directrice générale de la Fondation Jean Lapointe.