J'ai des miettes sur mon plancher et ça me rend heureuse
Dans ce témoignage, Valérie nous rappelle que de viser la perfection peut nous faire passer à côté de moments précieux avec nos enfants.
Sur le blogue Je suis une maman, on parle de plusieurs sujets, on propose des recettes, des idées bricolages, des trucs et astuces pour aider les familles avec leur quotidien et bien plus encore.
On aime aussi partager nos pensées, à travers une lettre ou un témoignage, car on trouve ça important d’avoir un endroit où nous pouvons échanger, s’écouter et s’entraider.
La vie de maman est parsemée de hauts, de bas, d’inquiétudes, de grandes joies… on en vit des émotions !
Quand j’ai eu mon premier enfant, dans la mi-vingtaine, je voulais que tout soit parfait. Je trouvais ce bébé absolument parfait. J’espérais que son état de santé et son développement seraient parfaits.
Je souhaitais pouvoir lui offrir la parfaite éducation.
J’ai lu tellement de livres pendant ma maternité sur le développement des enfants, que je ne les compte plus. Vous savez la fameuse « bible » qu’on nous remet à la sortie de l’hôpital, bien je pense l’avoir apprise par cœur…
J’ai suivi religieusement les cours prénataux et rempli fidèlement mon livre de bébé (que je n’ai jamais consulté depuis…).
Et que dire des milliers de photos qui m’ont fait voir toutes les étapes à travers un objectif, plutôt que simplement à travers mes yeux.
Avec le recul, je crois plutôt que je voulais ÊTRE parfaite.
Malgré tout, il y avait toujours des miettes sur mon plancher. Vestiges des repas de la chaise haute, de la popote confectionnée en vitesse, des sacs remplis d’épicerie vite rangée.
À travers l’allaitement aux deux heures, les couches à changer continuellement, la tonne de vêtements à laver, l’épicerie, les purées à préparer (très lisses, semi-lisses, épaisses, etc.
Ah pis mauzusse mon bébé me les recrachait en plus!), je m’en voulais de ne pas passer l’aspirateur assez souvent. Et que dire du branle-bas de combat quand la visite arrivait.
J’étais si fière de cette merveilleuse petite progéniture et de la petite famille qui en était née, qu’il n’était pas question que mes visiteurs arrivent dans une maison en désordre, devant une mère épuisée regardant la chaise haute toute tâchée, avec des miettes sur le plancher.
La vérité, c’est que malgré mes efforts et mon maquillage, mes yeux cernés criaient haut et fort mon cruel manque de sommeil. Je ne dupais personne. Et je n’étais pas encore moins parfaite pour autant.
La vérité c’est que lorsqu’est arrivé mon deuxième enfant, elle était tout aussi parfaite que le premier à mes yeux. J’avais tout aussi envie de la montrer au monde entier.
Mais tout à coup, rester forte avec deux bébés sous les bras, n’était plus aussi facile.
Parce que j’approchais plutôt la trentaine. Parce que des nuits de sommeil ratées, j’en avais cumulé par centaines.
Parce que mes cernes étaient toujours là eux, même les journées où j’arrivais à me reposer.
Je sais que je suis une bonne mère, et que j’ai fait tout mon possible. Mais j’ai oublié le principal : j’ai oublié de me faire confiance.
Parce qu’avec la confiance, tout se développe.
La confiance en soi ne s’apprend pas dans les livres.
La confiance en soi ne vient pas des autres, elle se construit de l’intérieur. Et c’est parce qu’aujourd’hui, j’avance dans la trentaine avec confiance que j’en comprends tout le sens.
Et que j’aurais donc eu besoin que l’on me le dise autrefois.
Fille, fais-toi confiance. Ton ménage peut attendre, mais le petit être devant toi qui te cherche des yeux, lui, ne peut pas attendre.
C’est maintenant qu’il a besoin de toi, et cet instant ne reviendra pas, il s’envolera. Comme le prochain.
C’est maintenant que mes enfants deviennent grands, qu’ils sont peu à peu plus indépendants, que je réalise toutes ces pertes d’énergie pour des choses futiles passées.
Que j’ai quelques cheveux gris qui auraient pu être évités. J’ai de beaux souvenirs de ces moments où je les ai bercés, mais je n’ai aucunement été marquée par ces instants où j’ai ramassé ces miettes sur mon plancher qui me fatiguaient tant.
J’aurais voulu que l’on me dise de les laisser là, qu’elles peuvent attendre.
Qu’il est plus précieux de prendre du temps pour moi, pour être reposée pour mes enfants.
Que me faire confiance pour leur éducation m’apportera bien plus que toute la lecture que je pourrais faire sur le sujet.
Aujourd’hui, mes miettes sont encore là parfois. Mais je ne leur en veux plus, car elles me font sentir en vie. Elles me montrent que j’ai bien choisi.
J’ai choisi de passer plus de temps avec mes enfants, de faire une activité spéciale avec eux, juste pour les voir sourire.
De transformer leurs leçons en jeu, car je sais qu’ils apprennent mieux ainsi. De me coucher à leurs côtés, juste pour les voir s’endormir paisiblement.
Alors toi petite maman, fais-toi confiance. Quand tu auras fini de bercer ton bébé, regarde ton plancher, prends-toi un verre de vin, vas t’asseoir enroulée dans ta doudou, prends du temps pour toi et souris à tes miettes.
Remercie-les d’exister.
Elles te feront sentir en vie toi aussi.
Texte par Valérie Lévesque Collaboratrice invitée
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