Retourner en arrière
On aime dire qu’on ne retourne pas en arrière. On entend souvent qu’on ne peut pas retourner en arrière. Les anglophones disent « you can never go home again ». Et si c’était faux? Et si parfois un retour en arrière était possible et même souhaitable? C’est un peu ce que j’ai fait lors de mes vacances cet été, un p’tit retour dans le passé que j’attendais depuis plus de 30 ans.
Je suis née à Sherbrooke un chaud dimanche du mois d’août. Je n’ai cependant jamais habité à Sherbrooke. Mon début de vie s’est passé à Stanstead, Trois-Rivières, Québec et Murdochville. De ces quatre endroits, le seul dont j’aie des souvenirs est Murdochville. Cette toute petite ville minière en Gaspésie est pour moi mon village natal. Je suis Gaspésienne de cœur. C’est là où j’ai appris à faire du vélo. C’est là où j’ai fait ma maternelle. C’est là où je me suis le plus senti chez-moi.
Et puis vient le jour où, du haut de mes 5 (presque 6) ans, j’apprends qu’on quitte mon village, qu’on doit déménager ailleurs. L’expression cœur brisé prend tout son sens à ce moment. Je sens qu’on m’arrache un morceau de moi. Pourtant, plus de 30 ans plus tard, je suis reconnaissante d’avoir déménagé autant, je la connais bien notre belle province. D’année en année, je me suis adaptée, mais je n’ai jamais oublié.
C’est pourquoi cette année, mon road trip de vacances est passé par la Gaspésie. Ça faisait déjà plusieurs années que je souhaitais y remettre les pieds. Certains m’ont conseillé de ne pas retourner à Murdochville. La mine a fermé en 1999, il n’y a plus de cuivre à exploiter. Des gens ont quitté le village, d’autres sont restés. Je les compare aux irréductibles Gaulois d’Astérix. On m’a mise en garde, on m’a dit que ça me ferait mal. Eh bien non. Ça m’a fait le plus grand bien du monde. Revoir mon école, ma rue, ma maison…tout ça à mis du baume sur le cœur de la Stéphanie qui avait 6 ans.
Mon road trip cette année en était un de nostalgie. J’ai fait le tour de ma Gaspésie. J’ai senti l’air de mon fleuve Saint-Laurent. J’ai renoué avec ma région. Je n’y suis pas née, mais j’y ai planté des racines très profondes et malgré les années qui ont passé, elles sont toujours là. Un jour, j’y emmènerai mes enfants et je leur ferai découvrir la beauté de mon coin de pays. Finalement, on peut très bien faire un retour en arrière.
Article et photos par Stéphanie Powers Blogueuse famille – Team J
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