#Parlerpourvrai et sensibiliser
Sourire sur une photo et souffrir – Oui, ça se peut.
Être au parc avec son enfant une belle journée d’automne et être malade – Oui, ça se peut.
Être tout près de ses 29 ans et avoir l’énergie d’une grand-maman de 92 ans – Oui, ça se peut.
C’est mon amie, la marraine de mon fils, qui a pris cette photo à l’automne 2013. Je travaillais encore à ce moment-là, même si j’arrivais complètement lessivée le soir de mes journées de travail.
Je masquais le plus possible mes pertes de mémoire, mon élocution qui était au ralenti par rapport à ma cadence de parole usuelle, ma boule d’anxiété qui oppressait ma poitrine et mon souffle, mon rythme cardiaque accéléré et j’en passe. Le week-end, je voulais être une super maman et rattraper ce que je me culpabilisais de ne pas être capable d’offrir la semaine.
Bon mes attentes dans la vie sont en général très très élevées et je suis une perfectionniste finie, ce qui n’a pas aidé. Bref, cette sortie au parc n’était pas pour moi. C’était pour Alec. Pour Caro. Pour montrer au monde que j’étais solide.
Ce qui devait arriver arriva. J’ai juste poussé la machine. Quelques semaines plus tard, la jeune femme que j’étais a frappé un mur. Et c’était mon deuxième mur en quelques mois. Deux arrêts de travail en moins de 6 mois, ça te déconstruit un égo ; surtout un égo qui prend beaucoup de place et qui a déjà vu sa fierté solidement écorchée par la maladie.
Volontairement, je n’ajoute pas le mot « mentale » après le mot maladie. Parce que mes symptômes étaient loin de se manifester uniquement entre mes deux oreilles.
Te lever le matin, te faire un café, t’habiller, aller reconduire ton garçon à la garderie et t’effondrer de fatigue en revenant avec le feeling d’avoir couru un marathon dans la garnotte.
Aller à l’épicerie pour trois items, revenir les mains vides en pleurant parce que tu as oublié ce que tu voulais acheter ; te faire la promesse que plus jamais tu ne vas te passer d’une liste.
Trembler, avoir les mains moites, sentir ton cœur qui se démène même en restant immobile.
Souffrir dans ton corps comme dans ta tête ; attendre que les médicaments fassent leurs preuves et que la chimie opère en comptant les jours (au moins 21 en moyenne, avec des effets secondaires) pour voir si la molécule est bonne pour toi ou si c’est à recommencer.
Personnellement, j’appelle ça une maladie. Certes, ce n’est pas aussi visible que d’autres maux. Mais c’est réel, et ce, dans chaque partie de ta machine corporelle. Cette épreuve n’est pas derrière moi. Elle est en moi.
J’ai repris le travail au printemps 2014. Ça roule assez bien depuis heureusement. Mais je suis alerte face aux signaux. J’ai encore de l’anxiété qui se présente notamment. Donc même si je donne l’impression d’être en contrôle, en confiance et en possession de mes moyens, je ne suis pas à l’abri. Mon sommeil, mon alimentation, la prise de mes médicaments au quotidien et l’activité physique sont des éléments clés que je prends très au sérieux. Cela dit, rien ne m’empêche de m’amuser ainsi que de nourrir mon ambition et mon sentiment de réalisation dans toutes les sphères de ma vie.
Voici ma tranche de vulnérabilité du jour, en cette Semaine nationale de la santé mentale.
- Si ce texte peut aider à sensibiliser une seule personne, ma journée, même ma semaine je dirais, est faite. -
Article et photo par Jade Beaudin - Maman, professionnelle, étudiante, passionnée de la santé et du bien-être Collaboration spéciale – Team J
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