Et si on faisait juste écouter
Il m’arrive parfois d’avoir l’impression de me trouver, malgré moi, dans une espèce de compétition «du plus pire». Je m’explique : après avoir accouché de mes jumeaux, on me demandait comment s'était déroulé l’accouchement, si j’allaitais, comment c’était de s’occuper de deux bébés, on me questionnait sur mon choix d’utiliser les couches lavables, etc. Selon le degré d’intimité avec mon interlocuteur, j’offrais une réponse plus ou moins détaillée. Or, j’ai souvent reçu (et j’en reçois encore!) des réponses complètement exemptes d’empathie. Des «t’as rien vu, ça ne fait juste commencer», «au moins, toi tu en auras pas un dans son threenager et l’autre dans son terrible two», «moi, ma belle-soeur aussi a eu une césarienne d’urgence pis elle est restée plus longtemps à l’hôpital» et j’en passe!
Depuis ce temps, je remarque qu’il en est de même dans plusieurs situations quotidiennes et que de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux vont en ce sens. Et ça me pose problème. Nous ne sommes pas en compétition!
Quelle est votre intention lorsque vous questionnez un proche? Est-ce de prendre de ses nouvelles? De lancer la discussion et d’avoir l’occasion de vider votre sac? De faire le plein de potins pour ensuite aller raconter le tout? Je crois que les deux dernières réponses se font de façon inconsciente. Toujours est-il que lorsque je suis confrontée à ce genre de comportement, mes réponses se font courtes ou je détourne la conversation, car à la longue, une frustration se crée et une distance s'installe. Soyons honnêtes, qui a envie de se confier à quelqu’un qui ira étaler les moindres détails de notre discussion à ses collègues de travail pour se rendre intéressant?
Peut-être avez-vous remarqué qu’il est plus facile de vous confier à certains de vos amis parce que vous partagez un vécu similaire ou qu’ils font preuve d’écoute empathique. Dans les prochains paragraphes, je développerai ce dernier point, car, selon moi, l’écoute empathique, on en manque cruellement ces temps-ci !
L’écoute empathique se définit en deux temps. Tout d’abord, l’écoute est un état de disponibilité dans lequel la personne se place. Puis, l’empathie engage l’interlocuteur à percevoir le ressenti, les émotions de l’autre. Être empathique ne veut pas dire qu'il faut être en accord ou en désaccord avec ce que la personne vit. Il suffit de le percevoir et il n'y a aucun jugement à porter, aucune position à prendre.
Le premier volet de la définition semble le plus simple. Toutefois, combien sommes-nous à écouter vraiment et non à préparer une autre question ou une réponse pendant que l’autre parle? Prendre le temps d’écouter et, s’il y a lieu, laisser flotter un silence pendant qu’on réfléchit à notre réponse, c’est correct (et même souhaitable!)
Quant à la deuxième partie de la définition d’écoute empathique, elle nécessite plus de travail et de pratique. Effectivement, chaque individu a son propre cadre de références selon ses valeurs et les expériences qu’il a vécues. Ainsi, lorsqu’on écoute l’autre, on tente, le plus possible, de se placer dans son cadre de référence (à lui) pour mieux comprendre ce qu’il vit parce que «l’empathie exclut tout jugement, toute référence à des normes sociales ou morales.» (Forget, 1990, p. 39) Personnellement, je trouve cette partie de l’exercice vraiment difficile parce que parfois mon cadre de référence est très différent de celui de l’autre. Je remarque qu’à ces moments, je dois réprimer plusieurs jugements ou des «bin voyons dont?!». Enfin, tant et aussi longtemps que l’autre ne me demande pas ce que je pense de sa situation ou ce que je ferais à sa place, j’évite de le faire. Son besoin premier est d’être écouté, pas de recevoir des conseils.
Sur ce, je vous souhaite d’avoir des perles sur qui compter pour vous confier et je nous souhaite, collectivement, de développer notre empathie.
Article par Noémie Robidoux Blogueuse famille – Team J
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Référence : Forget, J.(1990). La relation d’aide. Aider les adolescents et les adolescentes en difficulté. Montréal, Logiques.
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