Ma fille a sauté une classe en temps de pandémie
Oui, vous avez bien lu. Il y a quelques semaines, en fait début février, ma fille a changé de niveau. J’ai hésité avant de vous en parler (allo les jugements) mais je me suis dit que notre histoire pourrait fort probablement aider d’autres familles vivant la même situation. Je me lance. Voici mon histoire, mon témoignage.
Ma fille saute en 3e année et c’est clair qu’en tant que mère, je suis super fière d'elle. Je suis époustouflée, tous les jours, par son beau désir d’acquérir des connaissances. Je suis fascinée par son ouverture, par ses capacités, par ses aptitudes.
Je suis souvent essoufflée par ses incessantes demandes de "travaux", par ses mille et une questions, par sa soif d’apprendre qui me donne parfois l’impression qu’elle est plus grande que ma capacité à la nourrir.
Depuis sa petite enfance, ma Mlle nous a laissés entrevoir sa facilité à apprendre. À trois ans, elle nous nommait les numéros des allées, à l’épicerie, en reconnaissant les chiffres sur les affiches au plafond. L’été avant sa première année, elle a décidé d’apprendre à lire et elle a réussi avant la rentrée. Et depuis rien ne ralentit sa progression, pas même une pandémie mondiale avec ses confinements, ses congés forcés, son école à distance.
Je suis fière, surtout, de la force de caractère de ma Mlle, de sa détermination, de sa capacité à s’adapter, de sa capacité à regarder un changement majeur, une épreuve comme celle-là, et de foncer malgré tout. Parce que laissez-moi vous dire que changer de classe, en temps de COVID, ce n'est pas rien...
Ma fille, à cause du concept des bulles-classes, n'aura plus le droit de jouer avec ses amis de la 2e année (avec lesquels elle évolue depuis Passe-partout) et elle devra désormais respecter la distanciation de 2 mètres avec eux. Ils vont rester ses amis, c’est certain, mais pour le moment tout devra se faire à distance, via Zoom, ou à deux mètres.
En plus à cause des bulles-classes, elle va devoir être en isolement à 2 mètres des élèves qui sont dans sa nouvelle classe, ceux de la 3e année, et porter un couvre-visage pour 2 semaines, avant de pouvoir être considérée comme faisant partie de leur bulle.
Et c’est en sachant tout cela, qu’elle a choisi de foncer. Car dans ce processus d’accélération scolaire nous avons, mon conjoint et moi, en tant que parents, choisi d’impliquer notre fille dans tout le processus. Nous avons discuté avec elle de toutes les options qui s’offraient à elle pour continuer à alimenter sa « drive ». On a parlé de rester en 2e, d’aller au privé, de faire le saut. On a pesé beaucoup de « pour » et de « contre », on a pleuré, on a ri, on a cherché et trouvé des alternatives, des solutions.
Donc, en sachant tout cela, ma fille a demandé à aller en 3e année. Parce que son désir d'en apprendre plus et sa force de caractère ont été les plus forts. Elle s'est dite prête à affronter tout ça. À voir ses amis de 2e en Zoom ou à 2 mètres, en attendant la fin de la pandémie, à s'intégrer à un nouveau groupe. Elle a surtout été capable de voir plus loin, de penser à après la pandémie, de saisir la particularité de ce que l’on vit et d’entrevoir qu’il va y avoir un autre bout dans le tunnel « Covid ». Et tout ça à 8 ans!
Je ne peux pas vous exprimer à quel point mon cœur de mère est prêt à éclater! Une multitude de pensées m’assaillent sans cesse. Je me remets en question, je me demande si on a bien fait, je me tourmente! Et je vois ses yeux briller de joie en feuilletant ses nouveaux manuels scolaires, et je m’apaise.
Et je dois dire que c'est vraiment miraculeux tout ce qui s'est mis en place pour ma fille, à son école, pour l’appuyer. En 2 semaines tous les éléments, toutes les rencontres, tous les intervenants se sont mis en place pour lui fournir un plan adapté, pour l’épauler et l’aider à atteindre son plein potentiel.
Tout ça dans une période où notre système scolaire est souvent malmené, voire en mode survie. Dans ces temps qui sont tout sauf normaux, où le personnel scolaire est, à juste raison, à bout de souffle, tous les intervenants tant sa professeure de 2e, celle de 3e, la direction, la psychologue, ont été là pour mettre en place un plan adapté à ma fille. C'est très précieux tout ça, car souvent les élèves qui fonctionnent trop bien en classe passent dans les mailles du système scolaire, et peuvent éventuellement décrocher par manque de stimulation.
On n’utilise pas le terme douance, du moins pas encore, car notre fille n’est pas « officiellement » diagnostiquée. Toutefois, ce long processus est en marche, afin de lui offrir pour le futur tous les outils dont elle pourrait avoir besoin.
Je vais aussi toucher un mot sur le sentiment de gêne qui m’habite, moi la maman d’une enfant pour qui l’école est facile. Je me sens parfois mal d’être contente de sa réussite et de ses performances. J’abaisse mes émotions et j’essaie de faire profil bas. Une phrase me tourne en tête… « pour qui tu te prends » pour faire sauter une année à ta fille… je sais que c’est idiot… mais c’est comme ça. C’est encore pire présentement, parce que je le sais que pour certains la pandémie crée des ravages dans les résultats scolaires. Alors j’essaie de me faire toute petite, et je n’en parle presque pas.
Malgré ces peurs, toutefois, mon amour pour ma fille est plus fort que tout et je vais continuer à l’épauler pour qu’elle puisse atteindre son plein potentiel.
La prochaine étape… s’adapter à sa nouvelle réalité et se mettre à niveau avec la matière qui a été vue avant son arrivée en 3e année. Je vous reparlerai plus tard de tout ça.
Article par Élyse Marchand
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