Je n’en peux plus de tes colères
Après toutes ces années passées auprès de toi, j’aurais pensé que j’avais enfin compris que je ne pourrais jamais te changer, encore moins, t’imposer quoi que ce soit. Je pensais, ou plutôt j’espérais que tu voulais changer ou que tu pouvais changer.
Je pensais que notre amour pour nous deux et l’amour que nous portons à nos enfants seraient plus forts que la colère… Je pensais qu’à voir la tristesse et la peur dans nos yeux, tu allais te rendre compte que ça ne pouvait plus continuer. Malheureusement, j’avais tout faux…
La goutte de trop
Hier, la goutte de trop est allée dans le vase et maintenant, la coupe est plus que pleine. Je ne peux plus cautionner tes comportements agressifs. Tu t’emportes contre les objets, mais qui sait un jour si ce ne sera pas un de nous qui paiera pour tes frustrations ? Je ne peux plus t’entendre dire que tu es tanné, que tu es écœuré et que personne ne se soucie de tes émotions lorsque tu exploses.
Au contraire, je pense que nous sommes trop à l’affût des moments où la colère t’emporte. Tu es, dans ces moments-là, comme un ours en cage et tu ne vois pas toute la souffrance qui t’envahit. Tu ne vois même plus nos efforts pour calmer la bête en toi.
Ou lorsque nous essayons de te calmer, on dirait que c’est pire. Je sais que tu souffres, mais imagine-toi donc que nous souffrons aussi… Quelles conjointe ou mère de famille accepteraient que son homme pète un plomb pour une peccadille ?
Qui accepterait, sans dire un mot, les débordements de colère d’un homme qui casse le premier objet sous sa main ? Qui accepterait que ses enfants s’endorment le soir avec les yeux pleins d’eau, le cœur gros, la peur au ventre et le désir d’aller vivre ailleurs ?
Qui accepterait que ces situations reviennent en se disant que c’est la dernière fois que ça arrive ? Je suis de celle qui acceptait tout ça par amour pour toi, mais aussi par amour envers ma famille au complet. Maintenant, je n’en peux plus…
Qui sont les adultes dans la famille ? Toi et moi. Et pourtant, tes explosions de colère te discréditent totalement auprès des enfants. Dans ces moments-là, tu es comme un enfant colérique. Tu n’es plus la personne adulte responsable que tu devrais être. Tu n’es plus l’amoureux ou le père. Tu es, et le mot est fort, je sais, un monstre et cette bête-là, je n’en veux plus. Et moi dans tout ça ? J’essaie de sauver les pots cassés. J’essaie de sauver ce qui nous reste de notre famille et de notre couple. Mais pour toute la charge émotive que ça implique, je te déteste par moment pour le mal que tu fais subir à notre famille…
Mais tu sais le pire ? J’ai honte de moi. J’ai honte d’en parler à qui que ce soit par peur d’être jugée incompétente dans ma famille, naïve de croire que ça va changer pour le mieux et coupable de faire vivre ces situations inacceptables à nos enfants.
Ils sont en âge de comprendre que la colère de papa peut être explosive, mais on ne peut pas leur demander d’accepter tout ça sans rien dire. Eux aussi vivent des émotions et j’ai l’impression que tu as tendance à l’oublier…
Et maintenant ?
Nous n’avons pas encore eu le temps d’en reparler à tête reposée et l’esprit plus clair, plus rationnel. Quand on est dans l’émotion, on perd le contrôle de nos mots et ça, ça fait aussi mal que des gestes. On dit des choses que l’on regrette par la suite, mais qui restent tout de même imprimées dans ma mémoire.
Vers qui me tourner lorsque ça arrive ? Je ne sais pas. Oui, j’ai des amies qui pourraient m’écouter, mais je ne le fais pas. Je ne veux surtout pas dévoiler nos problèmes familiaux et surtout, tu ne veux pas que j’ébruite tes états d’âme.
Heureusement, j’ai la chance de pouvoir parler avec quelqu’un que j’apprécie beaucoup et qui ne me juge pas, mais toi ? Vers qui te tournes-tu lorsque tu exploses ? Tu ne veux pas en parler à personne. Je pense que, si tu trouvais quelqu’un de confiance, tu apprendrais que ça fait un bien fou de se vider le cœur une fois de temps en temps. C’est un pensez-y-bien.
Pourquoi écrire maintenant ? Ça fait quelques années que ça me trotte en tête, mais j’abdiquais. Je pensais sérieusement que ça n’arriverait plus. Je le fais maintenant, car je pense que nous sommes rendus à la croisée des chemins.
Je ne peux plus accepter ces situations de tempête émotionnelle. Vivre avec la peur que ça revienne un jour, je n’en peux plus. Vivre avec le stress de savoir que l’un de nous pourrait être blessé, je n’en peux plus.
Peu à peu, tu es en train de perdre la confiance de ceux qui t’aiment et ça, tu ne le veux pas. Pour apaiser tes souffrances, je t’ai maintes fois suggéré d’aller consulter en psychologie. Je t’ai même proposé d’aller faire une thérapie de couple s’il le fallait. Mais tu es totalement contre ces idées. Tu ne crois pas que quelqu’un extérieur à notre famille puisse t’aider.
Je comprends aujourd’hui que cela t’appartient. Je ne peux t’imposer une solution. Par contre, c’est à TOI maintenant de trouver une solution avec laquelle tu chemineras et qui te permettra de ne plus exploser. Ce n’est pas un ultimatum, mais pas loin de l’être. Pour le bien-être de toute la famille, il faut que tu agisses maintenant. On ne peut plus vivre ainsi avec une bombe à retardement au-dessus de nos têtes.
J’aimerais que tu saches que je serai là pour te soutenir, car je veux que notre famille reste une famille unie et aimante. Mais encore faut-il que tu veuilles y mettre du tien…
Témoignage anonyme
Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à consulter.
SOS violence conjugale - 1 800 363-9010
Un autre cadeau pour toi ! Gagne une chandelle non-toxique de la collection «clean» de Vanassa Grutman.