Je suis allée au parc
Aujourd’hui, j’étais seule. Seule comme dans pas d’enfants ni de chum. Seule avec moi-même comme ça arrive très rarement. J’ai bu mon café, j’ai déjeuné.
Ensuite, j’ai arrosé mes plantes puis j’ai plié quelques brassées. J’ai fait quelques autres corvées habituelles en savourant le silence et le calme autour. C’est tellement plaisant de faire du ménage tranquillement sans devoir gérer la marmaille qui crie et qui court. Après deux heures de lavage, de frottage…
Je me suis demandé ce que j’allais faire : le rangement des jouets? Le triage des vieux vêtements? Commencer des boites pour le déménagement? Un entrainement? Je me demandais ça tout en regardant le parc en face.
Puis j’ai eu comme un flash : Pourquoi ne pas aller m’amuser au parc?
Après tout, il faisait si beau. J’ai mis mes souliers et je me suis dit : Let’s go!
Arrivée au parc, j’ai regardé les environs. Toutes ces mamans et ces papas avec leurs enfants. J’en voyais qui s’amusaient, d’autres qui tentaient de gérer différentes situations. Il y avait des enfants déjà brulés de leur journée, un qui pleurait parce qu’il venait de tomber, plus loin une fillette hurlait parce qu’elle ne voulait pas rentrer à la maison…
Toutes des choses que je connais trop bien et que je vis au quotidien. Le fait de le voir sans être le parent en charge m’a fait du bien! Je me suis demandé ce que tous ces parents allaient penser d’une adulte qui vient toute seule se balancer.
J’étais comme gênée. Mais trop tard pour virer de bord. Venir et repartir aurait eu l’air encore plus bizarre!
Au début, je ne savais pas trop où aller. C’est qu’habituellement je suis mes grands bébés!
Alors j’ai décidé de juste m’asseoir là, dans le sable. J’ai fait quelques dessins. Les minutes ont passé et le sentiment de malaise que j’avais s’est estompé. J’ai décidé d’aller me balancer. Il y avait des ados à côté de moi. Leurs propos m’ont choquée.
Je me suis imaginé Ophélie et Léonard à l’adolescence. Seront-ils gentils et respectueux? Seront-ils capables de prendre les bonnes décisions? Se laisseront-ils influencer? Vivront-ils de l’intimidation…
Trop de questions! J’ai décidé de me balancer plus haut comme pour fuir tous ces tracas. Hi là là, j’avais oublié le feeling. C’est fou d’aller si vite et si haut. Je n’ai pas pu m’empêcher de rire. Mais finalement le mal de cœur m’a pris, pas facile de vieillir! Je me suis ensuite dirigée vers la tour et je suis montée en haut pour observer les alentours.
J’ai vu ma première maison, un semi-détaché où j’ai complété mes études en éducation. Puis j’ai regardé notre deuxième nid d’amour, celui où les jumeaux ont vu le jour. Cette maison qu’on a imaginée, fait construire et adorée.
Celle qu’on va quitter dans quelques jours. Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer. J’ai regardé les gens en bas pour m’assurer que personne ne m’avait vue. Puis je suis redescendue. J’ai fait des sourires aux gens que j’ai croisés.
J’ai même joué avec un enfant brièvement. Sa mère m’a demandé où était mon enfant. Je lui ai dit que les jumeaux se faisaient garder par leurs grands-parents. Elle avait l’air de ne rien comprendre. J’ai ri et je lui ai dit que j’avais juste eu le gout de venir me balancer. Elle a dit : bin oui, pourquoi pas!
C’est à ce moment que j’ai regardé le module. J’ai eu envie de faire une glissade. Mais pour m’y rendre il fallait que je passe par des tuyaux pas tellement gros. Faut dire que le tout est conçu pour des enfants, pas des parents.
Mais j’ai regardé la fille encore, je lui ai souri et j’ai foncé! Elle semblait amusée. Sur le chemin, j’ai aidé un petit gars à remettre son soulier. Je me suis insérée dans le fameux tuyau puis j’ai rampé. J’avais mal aux genoux, mais j’étais bien fière d’être rendue au bout.
J’ai pris une profonde inspiration et je me suis lancée. J’ai glissé lentement, trop lentement. C’était un peu décevant!
Mais quand je suis arrivée en bas, deux enfants m’ont applaudie. J’ai trouvé ça vraiment mignon et gentil.
Avant de partir, j’ai décidé de faire la tyrolienne. J’ai attendu mon tour. Je me suis sentie bizarre de prendre le tour d’un enfant, mais ils me regardaient avec un gros sourire. Ils étaient amusés de me voir essayer de monter sur le pommeau.
Quand j’ai fini par me placer, je leur ai demandé de me pousser. Puis en prenant de la vitesse, j’ai crié! Comme une enfant. C’était vraiment amusant! Je suis allée reporter le pommeau en riant.
Je les ai remerciés et je suis repartie vers la maison.
Arrivée chez nous, j’ai repensé à ce qui venait de se passer. J’ai comme réalisé que ça fait si longtemps que je ne me suis pas laissé être une enfant. Je suis à 100 % dans mon rôle de prof ou de maman, tout le temps!
Les journées vont si vite et il y a tellement de tâches à faire. Même mes temps libres sont organisés et planifiés. Honnêtement, je n’ai jamais de moment où je prends le temps de me demander : J’ai le gout de faire quoi là maintenant!?
Ou peut-être que j’ai seulement perdu cette petite étincelle de spontanéité que j’avais jadis?
Bref, j’ai vraiment hâte de retourner au parc avec mes enfants.
Maintenant que je sais que je passe dans le tuyau, je vais monter en haut et m’amuser avec eux. J’ai hâte de voir leurs yeux et leur sourire quand je vais les suivre!
Texte et photos par Sarah Durand Blogueuse famille – Team J
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