Se choisir
Voilà quelques semaines, j’ai dû prendre un temps de réflexion. Genre, quelques heures à réfléchir sur un sujet qui suscite beaucoup d’émotions en moi : mes études. Je vous en avais déjà parlé ici. Je vous avais déjà dit combien j’aimais être étudiante universitaire. J’ai découvert une véritable caverne d’Ali-Baba en septembre 2011 et depuis, je ne cesse d’acquérir des connaissances de toutes sortes et surtout, je me sens littéralement revivre dans mon nouveau domaine professionnel (l’éducation). En septembre dernier, j’ai entamé une maîtrise-recherche en lien avec mes dadas : la lecture, la littérature jeunesse et les élèves HDAA (handicapé ou en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation).
Parallèlement à ça, je commençais également ma nouvelle carrière professionnelle en orthopédagogie. J’étais en situation d’adaptation avec mon nouveau milieu (enseignantes, direction, élèves, etc.) et heureusement, tout s’est très bien déroulé. C’est donc le cœur et la tête remplis de fébrilité et de joie que je me suis présentée à mes premiers cours sur la recherche. Choc ! Les études supérieures, et plus particulièrement la recherche, constituent un monde en soi. Le niveau d’engagement demandé est plus soutenu je dirais. Du point de vue cognitif, je dois changer ma façon de réfléchir. Je dois appuyer mes dires sur des recherches antérieures et moi, qui suis une fille hyper intuitive et qui fonctionne souvent à l’instinct, je capote ! Je commence à avoir le pied sur le « break », car je sens que je n’apprends pas de façon optimale… Pour une perfectionniste comme moi, c’est un peu dur à assimiler.
Heureusement, j’ai une directrice de recherche en or ! Elle me soutient et m’oriente dans mes réflexions. Mes rencontres avec elle se déroulent bien et j’apprends énormément à ses côtés. La recherche, c’est facile ? Pas vraiment, mais je me dis que j’ai vécu pire… Je termine alors la session avec de bons résultats et je suis fière de moi ! J’ai (encore) réussi à concilier famille-travail et études, et ce, avec brio.
Début janvier, j’entame le fameux cours : séminaire de recherche et là, c’est la débandade ! On m’avait prévenue que ce serait un cours intense et très demandant au niveau du temps et de l’organisation. C’est beaucoup, beaucoup de lectures à faire, c’est aussi prendre des (tonnes) de notes, c’est écrire des résumés pour ne pas perdre le fil, etc. J’étais prête, avais-je dit… Grosse erreur. Je n’étais pas prête du tout ! J’en faisais même des crises d’angoisse avant de me présenter aux cours. Je me sentais tellement poche en face des autres étudiants, tellement incompétente, et surtout, j’étais persuadée que je n’étais pas à ma place… Tsé le syndrome de l’imposteur.
Résultat : un mal-être incroyable s’était emparé de moi et je ne voyais pas la lumière au bout du tunnel. J’avais l’impression que je retombais dans un puits sans fond, comme en 2010. Je lisais matin et soir, j’essayais de prendre des notes de façon plus structurée, j’essayais d’être mieux organisée, j’avais recommencé à être impatiente avec mes enfants et mon mari, etc. Je ne voulais plus faire d’activités en famille, car je voulais absolument réussir mon cours. Pas le temps de niaiser, que je leur répétais… Je m’étais mis une pression énorme pour tout réussir : ma vie de famille, ma vie professionnelle et ma vie d’étudiante.
Visiblement, mon corps et ma tête m’ont envoyé un message clair que je n’y arriverais pas de cette façon. Et malheureusement, en plus de devoir concilier tout ça, un autre élément est venu ajouter de la pression dans mon organisation : les crises de mon grand ayant un TSA (trouble du spectre de l’autisme). Désorganisation, argumentation, pleurs, cris, idées suicidaires, anxiété : la famille au complet en pâtissait. Malgré tout cela, j’essayais de garder le cap sur la réussite de mon cours…
Après plusieurs semaines de ce rythme à plein régime, j’ai eu une rencontre avec la prof de ce fameux cours universitaire. Ce fut une rencontre remplie d’empathie, d’authenticité et de vérité. J’ai écouté ses sages paroles et le lendemain, j’ai abandonné ledit cours. J’ai été soutenue par elle et par ma directrice de recherche (une vraie perle, je vous le dis !). Malgré tout ce soutien et cet accompagnement, cette décision n’a pas été facile à prendre. Pour moi, ce n’est pas facile d’abdiquer, car j’ai toujours tenté de tout concilier et j’ai (presque) toujours réussi. Pour moi, cet abandon signifiait ÉCHEC sur toute la ligne. Je n’avais pas réussi. Point. J’en avais même honte ! C’est comme si cette décision allait me faire passer pour celle qui ne va pas jusqu’au bout, qui abandonne en cours de chemin et qui n’est pas compétente. C’est comme si cette décision enlevait toute crédibilité à tout ce que j’avais entrepris voilà 4 ans. Voyons ! La mère-enseignante qui ABANDONNE ! Ça ne se fait pas ! Quel message ai-je envoyé à mes propres enfants ? Tu parles d’un modèle…
Quelques jours plus tard, j’ai réalisé quelque chose d’important. En fait, c’est une collègue de travail qui m’a fait réaliser que je n’avais pas abandonné. Non. Au contraire, j’avais eu le courage de ME choisir. J’avais su écouter mon cœur et mon instinct qui me dictaient que je n’étais pas sur la bonne voie. Se choisir va au-delà du simple fait de prendre du temps pour soi, de relaxer ou de s’évader dans nos pensées. Se choisir, c’est prendre parfois des décisions qui nous crèvent le cœur, mais qui nous permettent de mieux avancer, de mieux rebondir. Se choisir, c’est aussi faire plaisir à quelqu’un (soi-même ou une autre personne) au risque de déplaire à quelqu’un. Se choisir, c’est souvent avoir le courage de prendre des risques pour mieux se rebâtir…
Sur ce, bonne réflexion !
P.S. Pour votre information, je n’ai pas abandonné la maîtrise. Je n’ai fait que reporter ce cours à l’an prochain. Je serai alors mieux préparée et sûrement, moins anxieuse ;-).
Article rédigé par Carolyne Soulard
@SoulardCarolyne
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