122,06 $
« Franchement chéri! Cet argent-là, on aurait pu le mettre sur la marge de crédit ou payer le compte d’Hydro à temps pour une fois! » , avais-je dit à mon homme quand nous avons reçu la facture du resto.
J’avais les yeux gros comme des globe-terrestres. Ma dernière gorgée de vin était s’était trompé de chemin et avait pris le mauvais trou et je m’étouffais.
J’avais aussi tellement chaud que ma (petite) craque de sein reluisait.
122,06 $ pour des tapas, deux martinis, deux verres de rouge et un plateau de mini-bouchées sucrées, quand on y pense, ça fait cher la calorie. « Je suis capable de faire une épicerie complète pour ce prix-là! », lui ai-je lancé, outrée.
Mais là, on a flambé ce pognon en même pas trois heures. Vlan! Disparu du compte conjoint. N’a pu. Parti vers d’autres cieux.
« Penses-y chérie, c’est ben moins cher qu’un camion de déménagement, qu’un branchement à Hydro, au câble et à Internet.
Moins cher qu’un avocat qui négociera nos droits de garde et qui comptera la pension alimentaire.
C’est pas cher payé pour éviter tout ça », m’a-t-il dit.
Il a raison le mec de la maison (comme toujours –soupir-, mais ça c’est une autre histoire).
Au travers du train-train quotidien, des devoirs, de la course aux soupers et aux activités parascolaires, des séries télé qu’on-ne-veut-pas-manquer, des ongles d’orteils du bébé qu’il-faut-encore-couper, du rendez-vous chez le doc pour les vaccins de l’autre et chez l’esthéticienne pour « cleaner » les jambes de l’ado, il ne reste plus beaucoup de cases horaires dédiées ou disponibles pour se retrouver en tête à tête l’amoureux et moi.
Nope.
Pis c’est poche.
Pendant ces trois heures passées assis sur une chaise pas si confortable, on a jasé.
De nous, de nos filles, de l’école, de nos jobs. On a rigolé. On a fait des projets d’avenir.
Pas de grandes révélations. Pas de grosses surprises.
Juste une simple conversation. Agrémentée du pas-de-vaisselle-à-faire, de pas-d’enfants-qui-se-chicanent, de pas-de-piscine-dans-laquelle-il-faut-penser-à-mettre-du-chlore-dedans, du pas de frigo-qu’il-faudrait-laver.
Je ne voyais pas le plancher qui aurait besoin d’une bonne balayeuse, je ne pensais pas à la garde-robe d’entrée qui aurait dont besoin d’un extrême clean-up et au chèque qu’il fallait faire à la garderie.
Il n’y avait rien de tout ça. Il n’y avait que lui et moi. Deux paires d’yeux qui n’avaient rien d’autre à faire que de se regarder. Deux bouches qui se disaient des mots doux.
Deux humains qui s’aiment et qui prennent et se donnent le temps de s’arrêter pour penser à eux.
Le bonheur bref.
Pas cher payé pour tout ça dans le fond.
J’ai commandé deux autres verres de vin.
De penser à nous, ça n’a pas de prix.
Collaboration spéciale
Retraite virtuelle pour t’aider à ouvrir ton coeur, te ressourcer avant le temps des Fêtes.