Pour toi, mon petit homme rendu grand
Cher Louis,
Je veux que tu saches que depuis déjà un an et demi, tu me combles de bonheur.
Aujourd’hui, je t’écris une lettre bien spéciale, dans l’espoir que tu la liras un jour et qu’elle pourra te servir tout au long de ta vie de grand, d’homme. Le 30 avril 2020, j’ai appris seule, sans papa, qu’un petit garçon se cachait dans mon bedon déjà bien rond.
La situation de la Covid nous obligeait, nous, les mamans, à faire la plupart des suivis médicaux seules. Lorsque j’ai appris cette grande nouvelle, j’étais surexcitée. Sur le coup, je pleurais de joie et j’en tremblais tellement j’étais heureuse d’avoir un petit bonhomme, après avoir eu tes deux grandes sœurs.
J’avais même filmé l’annonce du sexe lors de l’échographie pour le faire visionner à papa et à la plus vieille de tes sœurs. J’étais si impatiente d’entrer à la maison pour qu’ils puissent goûter à cette si grande nouvelle et partager mon bonheur.
Je quittais donc l’hôpital en rêvant déjà de ta venue. Je parcourais les corridors en m’imaginant déjà la décoration de ta chambre. Elle serait sous la thématique de Star Wars pour faire plaisir à papa. J’avais déjà hâte d’aller acheter tes premiers petits vêtements.
Et c’est là que j’ai eu l’impression de frapper un mur. Avoir un garçon, c’était une grande responsabilité qui venait de me tomber sur la tête. Comme parent, je devrais t’enseigner à devenir un homme, un vrai.
Petit Louis, tu es déjà rendu si grand.
Tu es déjà presque un homme et je tiens à te partager un petit bout de mon histoire afin que tu comprennes pourquoi il est si important d’être à l’écoute de l’autre dans une relation.
Lorsque je débutais mon secondaire un, j’étais une fille bien timide. J’entrais dans ce monde des grands avec très peu de solidité, une faible estime de moi, mais surtout une grande gêne de mon corps.
À mon grand malheur, j’avais eu mes règles en cinquième année, mais surtout mon corps de femme était apparu en un claquement de doigts. Beaucoup de grands changements pour une fille qui était encore une enfant à l’intérieur.
Un matin, je marchais donc vers mes cours et un élève, qui était allé à la même école primaire que moi, m’a bloqué le chemin. Il était en compagnie de ses amis. Il s’est exclamé : « Wow Julie, tu es vraiment rendue avec de gros seins! Je peux toucher? » et sans que j’aie eu le temps de répondre ou ne serait-ce que de m’enfuir, il avait déjà posé ses deux mains sur mes seins.
Il les tâtait et ses amis riaient en le félicitant. Je suis partie en courant pour me réfugier aux toilettes et pleurer toutes les larmes de mon corps.
Jusqu’à ce jour, j’avais révélé ce douloureux souvenir qu’à deux ou trois personnes. J’en ai tellement eu honte longtemps. Ce geste, qui semblait bien banal pour ces garçons, m’avait complètement démolie. Je m’étais mise à détester mon corps et vouloir le cacher à tout prix sous des chandails dix fois trop grands pour moi.
Ma faible estime de moi était encore plus en chute libre et avait réussi à m’attirer de l’intimidation par-dessus tout. Mes notes ont vite chuté et ce fut de loin ma pire année scolaire. J’ai eu la chance de changer d’école et de guérir de cette histoire, qui me semble bien banale aujourd’hui.
Toutefois, je réalise que comme jeune fille, c’était loin d’être banal lorsque je l’ai vécu.
Mon beau Louis, chacune de tes paroles, chacun de tes regards et chacun de tes touchers auront une importance primordiale chez ceux qui les recevront.
Je souhaite donc que tu les poses avec amour, bienveillance et surtout avec un grand respect de l’autre. Je te souhaite d’abord de t’entourer de belles personnes, en amitié ou en amour. Ces personnes qui auront le privilège de croiser ta route, prends soin d’elles comme mon cœur de maman voudrait qu’on prenne soin de tes deux sœurs, Jeanne et Éliane.
Tente de rester toi-même ; tu es parfait comme tu es.
Du haut de tes 18 mois, tu es déjà un garçon rempli de douceur, qui aime les câlins et les bisous. Je vois déjà en toi une grande sensibilité.
Ne te laisse jamais influencer pour entrer dans un groupe.
Ne sous-estime jamais l’importance que tes paroles et actions peuvent avoir dans la vie des gens qui t’entourent.
Enfin, n’ose jamais toucher le corps de quelqu’un sans sa permission, sans son autorisation.
C’est un cadeau précieux que d’offrir à l’autre de se laisser toucher.
Mon grand, je te souhaite de devenir un homme, un vrai, celui qui a la main sur le cœur et le respect aux lèvres.
Ta maman Julie
Texte par Julie Boissé Collaboration spéciale – Team J
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