Come on, là!

Ce soir, il y a eu la phrase de trop. En fait, je dis une phrase, mais ce ne sont que trois mots. Trois petits et insignifiants mots qui ont fait déborder l’vase. Faut dire que s’il n’avait pas encore débordé, ça relevait tout simplement du miracle.

Tu as osé me dire au bout du fil Come on, là! Euh… scuse… mais… parrrrdon? C’est à moi que tu dis ça? Vraiment? Really? J’peux pas y croire!

Come on, là, comme on dit à quelqu’un force-toi un peu. Ce come on là. Veux-tu que je te dise le nombre de come on, là que je fais dans une journée?

Ben mon come on, là débute à 5h30 le matin précisément ces jours-ci puisque je me lève AVANT mes enfants (la folie me guette! 😉) pour pouvoir travailler un peu. Concilier mon travail autonome et mes deux enfants jusqu’à la rentrée scolaire m’a fait réaliser que 24 heures dans une journée, c’est bien trop peu pour y arriver. Come on, là a continué en préparant le déjeuner à ses deux amours, après avoir évidemment ramassé 11 souliers de Barbie qui traînaient par terre dans le salon parce que oui, la maison de rêve de Barbie a élu domicile entre ma table de cuisine et mon sofa dans le salon parce que hein, les vacances-pis-toute… J’suis lousse. Tout ça, en prenant un appel client ET en coupant les fruits dans le bon sens parce que oui, à 6 ans, les fruits ont un bon sens pour être coupé. Moi qui ignorais ça à 33…

Come on, là a parti le lave-vaisselle ET une brassée parce que tsé, ça en salit du linge c’te marmaille-là et ça en prend des serviettes et des débarbouillettes pour nettoyer les 3 repas et 12 collations quotidiennes (j’exagère à peine). Come on, là a essayé de travailler en vérifiant que les dents de la plus jeune étaient bien brossées et en faisant un chignon à Stacy, la sœur de Barbie, pour aider l’aînée. J’oubliais. Come on, là a aussi réglé au minimum 8 chicanes et il est juste… 8h43. Come on, là a bu patiemment avec amour et intérêt les 4 latte-dans-une-tasse-en-plastique préparés par la plus jeune et mangé 6 portions de gâteaux en bois. Come on, là a répondu à quelques courriels pendant une longue période d’accalmie… de 17 minutes. La maison de rêve de Barbie offerte par mamie n’aura jamais été aussi rentable! Come on, là a préparé la collation préférée des petites beautés et a ramassé en se disant qu’on fait juste ça manger pis ramasser dans la vie. Come on, là est allée s’occuper de la laveuse qui criait son désespoir de fin de cycle en partant une seconde brassée puisqu’elle se sentait étrangement efficace ce matin. Come on, là a réussi à faire acte de présence lors d’un meeting vidéo parlant de programmation web et a même réussi à comprendre aux travers les cris et les injustices de la vie de ses filles qui en étaient probablement à leur 20e chicane de la journée. Elle a ensuite préparé le dîner confiante d’une main en vidant le lave-vaisselle de l’autre. Elle a mangé sa part debout sur le coin du comptoir en félicitant ses précieuses pour leur bon comportement. Come on, là s’est dit qu’elle noterait les bonnes actions de chacune (mais clairement jamais les siennes!) dans un petit cahier pour les récompenser. 

Come on, là a conseillé une cliente. Écouté une amie. A fêté le papa de ses enfants même s’ils ne sont plus amoureux. Come on, là veut juste faire plaisir à tout le monde. Come on, là a pris sur elle l’urgence d’un mandat et la peine de la plus vieille sur son cœur. Come on, là a lavé ses adorables fillettes et séché leurs beaux cheveux pour que papa ait une soirée plus lousse avec elles. Come on, là a pensé à ça. Come on, là a mangé des toasts pour souper afin de pouvoir travailler le plus possible et être plus présente pour ses filles demain. Oui, come on, là a aussi pensé à ça.

…

Alors Come on, là a fondu en larmes ce soir devant le peu de reconnaissance des efforts quotidiens qu’elle faits. Come on, là aurait bien besoin qu’on prenne soin d’elle un brin de temps en temps aussi. Come on, là aimerait bien une épaule pour s’y accoter un petit instant (et clairement s’endormir!) en lui disant juste qu’elle en fait déjà beaucoup et que son beaucoup, ben il est SUFFISANT. Come on, là aimerait juste ça être le assez de tout le monde pendant un moment.

Article rédigé par Cynthia Côté

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