Du rêve à la réalité
Il y a 8 ans, j’étais maman à la maison d’un beau grand garçon de 16 mois, enceinte d’un bébé-poulet dont on venait tout juste de m’annoncer le sexe : un autre fiston. Mon bébé-poulet, je le voyais déjà dans mes rêves… un p’tit roux aux yeux vert, plein d’énergie, qui allait devenir le meilleur ami de son grand frère (après tout, ils auraient tout juste 20 mois de différence !).
Je le voyais courir à un an comme son frère, avoir du plaisir avec ses amis, je voyais ma maison remplie d’enfants heureux qui s’amusent. Puis, je me voyais faire les devoirs et les leçons avec mes fils à la table de la cuisine, fière de mes deux petits hommes tellement intelligents, qui comprennent tout du premier coup !
Quand mon bébé-poulet est finalement arrivé, pas pressé après s’être solidement accroché deux semaines de plus que la normale, j’ai vécu LE post-partum (lire ce texte). Mais j’étais quand même contente, malgré sa tignasse noire, il avait les sourcils tout pâles, j’avais espoir que mon noiraud se transforme en roux.
Mon bébé-poulet est vite devenu un bébé koala, qui voulait toujours être dans les bras de quelqu’un, jamais par terre ou dans une chaise. Il a souri (pour vrai !) très tard, et, à 1 an, il ne marchait pas. En fait, il ne rampait même pas. Et il ne parlait pas. Même pas des gazouillis. On se disait « baahh, c’est le grand frère qui fait tout, c’est normal ! ». Mais on s’inquiète quand même, nous, les mamans.
À 18 mois, il ne parlait toujours pas. Et il ne marchait toujours pas non plus. Pas plus qu’il ne rampait d’ailleurs… par contre, il se déplaçait à quatre pattes ! Un peu…
À 2 ans, les premiers pas hésitants, mais toujours pas de mots ! Des gribouillis de mots par-ci par-là, et des crises… Ohhhhhh qu’il en a fait des crises ! Mon petit ange devenait un démon pour un oui ou un non. « Ça va lui passer quand il sera capable de parler ! C’est frustrant de ne pas être capable de s’exprimer ! »
Et un jour, le coup de couteau au cœur : « Ton gars, il a un problème, il faut que tu consultes ».
Non… ce n’est pas mon bébé-poulet, le problème, c’est les autres autour qui ne le comprennent pas. Moi, je le comprends, mon bébé-poulet ! Je les comprends ses gribouillis de mots ! Je les comprends ses regards vers moi ! Et je les aime ses bisous trop mouillés parce qu’il oublie d’avaler sa salive !
Mais j’ai quand même consulté. Parce que le hurlement dans mon cœur était trop fort, parce qu’un moment donné, à 3 ans, c’est moins normal que mon bébé-poulet gribouille des mots, et l’excuse du frère qui fait tout pour lui commence à être moins crédible, même pour moi.
Les mois se sont succédé, les évaluations et les spécialistes de tout genre aussi, et, plus le temps passait, plus mon rêve d’enfant parfait s’écroulait, mes espoirs d’un avenir heureux disparaissaient. TDAH. Dyspraxie. Anxiété. Des stigmates, des étiquettes, des mots d’horreur. Fini le rêve.
Aujourd’hui, avec le recul, je réalise que mon rêve de départ, il est bien là, bien vivant, mais avec « des extras » !
J’ai mon p’tit rouquin aux yeux verts, en pleine santé et bourré d’énergie (TDAH…), qui est le meilleur ami de son grand frère, qui court partout dans la maison (partout ailleurs aussi !). Ma maison n’est peut-être pas remplie d’amis, mais mon rouquin n’en manque pas : il est aimé de tous les gens qui croisent sa route.
Et nous faisons les devoirs et leçons à la table tous ensemble, je suis extrêmement fière de mes fils, qui sont tellement intelligents et persévérants ! Ça n’est pas aussi facile pour mon bébé-poulet que je l’avais rêvé, mais c’est encore mieux : c’est magique… parce que chaque nouvelle réussite est célébrée comme une victoire contre les mots d’horreur !
Je t’aime mon Bidou !
Article rédigé par Annie Goudreau
Vous souvenez-vous de Geneviève, la maman des triplées? Elle nous parle des fameuses questions auxquelles elle doit répondre lorsqu'elle sort avec ses filles.