Des jumeaux : mon histoire

Nous sommes en mars 2006, j’ai 37 ans un garçon de 6 mois et je suis enceinte de 3 mois. Je me prépare pour ma première échographie. Un peu nerveuse en raison de mon âge, je me demande ce que je ferais si on m’annonçait une anomalie... Bon enfin c’est à mon tour. La technicienne m’annonce que j’attends des jumeaux ! Ma réaction et celle de mon chum ? 

Merde ! Tu me niaises ? Et on se met à pleurer. Pas de joie : de déception. On a un bébé qui ne fait pas ses nuits, l’allaitement a été difficile, je savais ce que la venue de deux autres bébés signifiait.

Je ne suis pas du genre à triper sur la grossesse, l’allaitement, les bébés qui braillent.... Je ne ferai pas de ce récit un conte de fées. Je dirai la vérité. Être enceinte, c’est pas toujours amusant : on se trouve parfois moche, on angoisse, on cherche comment s’habiller. Et les bébés qui pleurent toute la nuit et qui ne veulent pas faire de sieste quand NOUS, on voudrait se coucher ! Je voulais mettre mon fils aux vidanges parfois (pas à la récupération, j’avais peur qu’il revienne sous une autre forme !) alors je savais très bien ce que deux bébés voulait dire !

On a pleuré un bon cinq minutes en disant qu’on était pas content. En plus, on devait se rééquiper en double. J’ai pouffé de rire quand j’ai réalisé qu’on devait se départir de ma Pontiac Vine pour une belle grosse caravane rouge vin !

Donc je poursuis ma grossesse de jumeaux avec mes hauts et mes bas jusqu’au cinquième mois, j’apprends enfin le sexe des jumeaux. Fille et garçon ! Bon. Fiou. Tant qu’à avoir des jumeaux, aussi bien avoir les deux sexes !

Magasinage de choses de fille, car en ayant déjà un garçon je me lance dans le rose et les fleurs !

Au sixième mois je commence à avoir mal : ma fille a décidé de s’enfouir le pied dans le fond de mon col, elle se tient debout pour barrer le chemin à son frère ! 

Je bois un ou deux verres de vin par semaine. Je mange des moules, des sushis et du brie. Je ne suis pas du genre à suivre les régimes de bedaines !

À 28 semaines, bien assise dans mon salon, j’ai l’impression d’avoir un alien dans mon ventre tellement il se déforme dans tous les sens. J’apprendrai par la suite que c’est ma fille qui a décidé, enfin, de se tourner et de placer sa tête en bas. Donc pas de césarienne.

À 32 semaines, début des contractions. Je me rends au CHUS, dilatée à 5, où l’on m’annonce que c’est aujourd’hui que je vais accoucher. On présente l’équipe, car, qui dit prématuré, dit soins spéciaux. On me suggère d’aller marcher durant une heure pour voir l’évolution du travail. Encore une fois, comme je disais plus haut, les histoires à l’eau de rose, c’est pas mon genre, mais je peux rassurer celles qui ont peur des contractions ou de l’accouchement, pour moi, c’est pas pire qu’une crampe menstruelle. Après ma marche, je suis dilatée à 8. Je décide donc de visiter l’endroit ou je vais accoucher, car, pour deux bébés prématurés, on accouche dans les anciennes salles d’accouchement qui sont plus spacieuses. Je fais des blagues, je trouve ça drôle, je suis en confiance, car, à mon premier, c’était pareil : aucune douleur, ni en contraction ni à l’accouchement. Je ne peux pas accoucher sans péridurale au cas où il y aurait des complications. Il est 5 h quand ma fille vient au monde après trois poussées et une minute plus tard : mon garçon !

Pour chaque enfant, il y a, une inhalothérapeute, deux infirmières, des internes.... Gros party !

Ma fille va bien : elle pèse 4 lb.

Mon garçon a de la difficulté à respirer et il pèse 3 ½ lb. Par chance, je n’ai connaissance de rien, car ils lui ont mis un sac de plastique sur la tête en guise de tente à oxygène, sa petite cage thoracique se soulève difficilement.

Environ une heure plus tard je peux aller voir mes enfants en néonatalogie. Mon fils est en observation, alors je ne peux le prendre avant le lendemain. Je vais prendre ma fille. Elle est minuscule. 

Le lendemain, son frère est dans la même pièce qu’elle. Ils sont dans des incubateurs différents. Je trouve dommage qu’ils soient séparés. Ils ont des fils plantés partout, un tube qui entre dans le nez, un autre dans la tête ! Je me mets à pleurer, je me sens impuissante.

Ils y resteront un mois. Je passais mes journées avec eux et quelques soirées, mais je devais aussi m’occuper de mon grand qui avait maintenant 20 mois !

Je tirais mon lait, car mes enfants étaient gavés en plus d’être mis aux seins.

Le 1er août, nous sortions de l’hôpital.

Je n’étais pas triste de les laisser en néonatalité, car je trouvais que ça me donnait le temps de me préparer tranquillement à leur venue, et l’équipe était tellement merveilleuse, je n’aurais pas pu avoir meilleure gardienne !

J’ai allaité mes jumeaux durant quatre mois. Ils se réveillaient aux deux heures, j’allaitais les deux en même temps, changeait les couches et, le temps que je me rendorme, c’était l’heure de l’autre boire avec en plus, le matin, mon grand qui réclamait sa maman et son papa. Deux parents pour trois enfants ça ne fonctionne pas bien ! J’ai trouvé extrêmement difficile la venue des jumeaux. Mais courage aux futurs parents de jumeaux : on s’en sort ! C’est souvent difficile et il ne faut pas se gêner pour le dire !

J’ai même fait un brun out.

Crédit photo : Annie Toussignant


Crédit photo : Annie Toussignant

Aujourd’hui, ils ont 10 et 8 ans et, même si parfois je rushe encore (je vous parlerai un jour de la routine des devoirs !), ils sont quand même merveilleux.

Article rédigé par Annie Toussignant 



Précédent
Précédent

À la limite des anges

Suivant
Suivant

Vendredi matin