Un avant-goût du syndrome du nid vide
Ça y est, nous y sommes. Quelques jours à peine et tu feras officiellement ton entrée en maternelle. Déjà. La première chose que tout un chacun nous dit lorsque l’on débute notre famille c’est inévitablement « Profites-en, ça passe vite! ». On sourit poliment et on passe à un autre appel. Mais on se rend rapidement compte que c’est vrai, ça passe vite, trop vite.
Maman à la maison par choix et par passion, j’ai eu le bonheur de te voir évoluer presque 24h/24h, 7 jours sur 7 pendant 5 ans et demi. Je savais exactement ce que tu faisais, quand, comment et pourquoi tu le faisais à chaque instant. Je connais par cœur tous tes regards, tous tes sourcillements. Je suis ta ressource numéro un pour tous tes questionnements. Je me rends bien compte aujourd’hui que clairement, ton cordon ombilical ne s’est pas complètement coupé le jour de ta naissance… Par contre, ce n’est pas toi qui fais de l’angoisse de séparation, c’est moi!
Je confesse bien malgré moi que dans la vie, je ne fais pas confiance aux gens. Les histoires d’horreur que l’on entend partout me font continuellement faire des cauchemars et me stressent pour l’avenir de mes enfants. L’idée que tu sois loin de moi presque chaque jour me broie le cœur. Je vais m’ennuyer de ta présence, de tes mille et une questions, de tes découvertes quotidiennes, de tes câlins, des siestes à tes côtés, de tes multiples spontanés « Je t’aime maman! ». Même de ton caractère de cochon occasionnel et de tes chicanes avec ta sœur.
Cela fait bien plus qu’un an que je redoute cette grande entrée. Je ne suis pas prête. Je suis terrifiée. Mais toi pourtant tu l’es! Tu es tellement prêt!! Tu es fébrile et confiant. Tu as hâte de te faire de nouveaux amis et surtout d’apprendre un tas de nouvelles choses. Tu me dis déjà que tu me raconteras tout ce que tu auras appris chaque jour en rentrant de l’école. Que tu me feras des dessins et des bricolages. Que tu penseras à moi mais que tu n’auras pas le temps de t’ennuyer! Et ça me rend fière. Fière que si petit en dehors, tu sois déjà si grand en dedans.
Au fond, je ne suis pas inquiète pour toi, je le suis pour moi! J’angoisse à l’idée de perdre ma place de numéro un près de toi au quotidien. Je suis partagée à l’idée que d’autres t’offrent leur vision de la vie. J’ai peur que tu te détaches de moi et que tu deviennes rapidement indépendant et autonome. Je sais pourtant que c’est ce que l’on veut en tant que parent, que tu grandisses, que tu t’épanouisses. Mais j’ai l’impression que chaque pas qui te pousse dans cette direction en est un qui t’éloigne de moi. Et ça, c’est terrorisant pour mon cœur de maman.
Pendant ces 5 années, je t’ai préparé pour entrer dans le vrai monde. Je t’ai outillé du mieux que j’ai pu. Je crois avoir fait une pas pire job. Tu es un garçon brillant, allumé et constamment en quête de nouvelles connaissances. Je sais bien que tu feras un malheur auprès de tes futurs professeurs. C’est simplement que pendant ces 5 années, j’ai oublié de me préparer moi. Mais bon, j’imagine que je serai meilleure quand tes sœurs feront également leur premier saut dans le monde de l’éducation. Pour l’instant, j’ai l’impression d’avoir un avant-goût du syndrome du nid vide… Me connaissant, je ne risque pas de mieux vivre cette étape le moment venu! On s’en reparlera dans 20 ans! Un pas à la fois! Pour toi, comme pour moi.
Article rédigé par Véronique Désormeaux
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